X. La maladie de la pierre

Une maladie est présentée comme exceptionnellement douloureuse aux 16e-18e siècles : la « maladie de la pierre » ou gravelle, c’est-à-dire les calculs rénaux. Il s’agit d’une maladie qui fait l’objet de crises aiguës nécessitant des interventions chirurgicales ponctuelles. Elle peut toucher les femmes, même si elle est majoritairement masculine. De nombreux textes et illustrations de l’époque traitent des calculs rénaux.

Extrême douleur

Les malades qui ont une pierre dans les reins ou la vessie « désirent plus mourir que vivreAmbroise Paré, Les Œuvres, Paris, Gabriel Buon, 1585, 17e livre, chap. XXXVI, p. 730. » à cause de la douleur poignante qu’ils endurent, selon le chirurgien Ambroise Paré.

Ambroise Paré - Plutôt mourir que souffrir de la pierre

Dans l’espoir d’être délivrés de cette souffrance, les patients se résignent parfois à une extraction chirurgicale risquée, « l’opération de la taille ». Le compositeur Marin Marais propose une mise en musique originale de cette opération (1725).

Marin Marais (1656-1728) / Les Nouveaux Caractères - Tableau de l'opération de la taille

Itinéraire douloureux

Le moment où le patient expulse spontanément ses calculs hors de l’urètre est parfois décrit comme un accouchement au masculin. Le passage progressif du calcul lui fait sentir des organes qui sont ordinairement silencieux.

Michel de Montaigne - L’expulsion des calculs, entre douleur et douceur

Voici comment Montaigne, affecté par la « maladie de la pierre », décrit le passage du calcul : « C’est quelque grosse pierre qui foule et consomme la substance de mes rognons, et ma vie que je vide peu à peuMichel de Montaigne, Les Essais, éd. P. Villey, Paris, Puf, « Quadrige », 1999, livre III, chap. 13, p. 1095. »

Inventivité chirurgicale

Nouvelles manières d’opérer et nouveaux instruments font l’objet d’évaluations contradictoires. S’ils s’étendent sur les détails de l’intervention, les opérateurs restent très discrets quant à la douleur qu’ils suscitent. Au milieu du 16e siècle, Pierre Franco pratique sur un enfant de deux ans une extraction des calculs en passant au-dessus du pubis – il ne recommande cependant pas cette opération dangereuse, réalisée à la demande pressante des parents.

Pierre Franco - L’opération risquée d’un jeune enfant

« Le patient ainsi lié, faut avoir quatre hommes forts, non craintifs, ni timidesAmbroise Paré, Les Œuvres, Paris, Gabriel Buon, 1585, 17e livre, chap. XLIV, p. 738. » pour le tenir (Ambroise Paré, 1564).