La goutte illustre l’impossibilité pour l’âme de surmonter stoïquement la douleur physique : « Celui qui a la goutte, la pierre ou quelque autre maladie fort douloureuse, est actuellement malheureux, fût-il comblé de biens et d’honneurs par son princeNicolas Malebranche, Entretiens sur la métaphysique, sur la religion et sur la mort, nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée [1711], 3e entretien, dans Œuvres, éd. G. Rodis-Lewis, vol. II, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1992, p. 1026. », dit le philosophe Nicolas Malebranche (1711). Le moraliste La Rochefoucauld lui-même voyait sa « constance vaincueMarie de Rabutin-Chantal Sévigné, Correspondance, éd. Roger Duchêne, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », t. I, 1972, p. 197. » par la goutte, selon la marquise de Sévigné.
La goutte, « notre unique calamité, qui cloue au lit, est maléfique, torture les talons, crucifie, rompt les genoux… » (d’après une édition latine de Lucien de Samosate, 1537).